Le contrôle social, en bref
Le contrôle social est principalement définit par Émile Durkheim et désigne l’ensemble des pratiques sociales, formelles ou informelles, qui tendent à produire et à maintenir la conformité des individus aux normes de leur groupe social. Il contribue à l’intégration des individus et à la cohésion du groupe, mais peut également produire de la déviance, notamment en cas d’anomie, et de la stigmatisation (ou étiquetage)1.
Le contrôle social est toujours présent dans l’élaboration de nos choix de vie, de nos actes et chaque individu contribue consciemment ou inconsciemment à réguler les comportements sociaux d’autrui.
Il a trois niveaux s’influençant les uns les autres.
Le contrôle social s’exerce par jugements et par sanctions : un écart à la norme suscite des réactions qui signalent au contrevenant — et aux autres membres du groupe — qu’il doit s’y conformer. Ces sanctions peuvent être négatives (railleries, réprobations, mépris public, mise au ban, amende, etc.), mais aussi positives (médailles officielles, félicitations scolaires, compliments moraux, etc.)2
Les sanctions sont formelles ou informelles : « L’une est appliquée par chacun et par tout le monde, l’autre par des corps définis et constitués », écrit Émile Durkheim3
Contrôle social formel
Le contrôle social est dit formel lorsque les jugements et les sanctions de conformité sont exercés par des organisations spécialisées (une police, des tribunaux, une administration pénitentiaire, etc.).
Ex : une peine de prison infligée à un criminel après arrestation et condamnation pénale
Le contrôle social formel est une question d’anomie : Nous agissons ou nous positionnons ou faisons nos choix en fonction de la punition ou de la récompense de la société, de la reconnaissance ou de la désapprobation.
Contrôle social informel/relationnel
Le contrôle social est dit informel lorsqu’il est appliqué par chacun des membres du groupe, de manière diffuse.
Ex : l’hilarité déclenchée par une tenue vestimentaire incongrue.
Des sociologues tel Edward Alsworth Ross considèrent en effet que les systèmes de croyance exercent toujours un plus grand contrôle social que les lois imposées par l’État.
Le contrôle social informel/relationnel est une question d’attitude :Nous agissons ou nous positionnons ou faisons nos choix en fonction de la gratitude, la valorisation ou l’ostracisme (tenir à l’écart, discriminer) de notre entourage.
Le contrôle social informel a généralement plus d’effet sur les individus parce que les valeurs sociales sont intériorisées, devenant ainsi un aspect de la personnalité de l’individu.
Contrôle social intériorisé
C’est sans doute lorsqu’il se mue en autocontrôle que le contrôle social atteint son efficacité maximale : sa capacité à prévenir les écarts à la norme n’est jamais aussi forte que lorsque c’est l’individu lui-même qui se l’applique, soit de manière inconsciente, soit en ayant l’impression de se contraindre de son propre chef. Ce contrôle social interne ne se réduit pas à l’anticipation des sanctions du contrôle social externe, pour les rechercher (sanctions positives) ou les éviter (sanctions négatives) : il est le fruit d’un processus d’intériorisation de la contrainte, contribuant à l’organisation des structures affectives et cognitives. Cette intériorisation est renforcée par les rôles sociaux et la socialisation.
Le contrôle social intériorisé est une question de jugement moral :Nous agissons ou nous positionnons ou faisons nos choix en fonction de la culpabilité ressentit ou pas,en fonction de ce que nous jugeons comme moralement acceptable ou pas.
Le normal
En sociologie, le normal à deux sens :
-
un comportement est normal s’il n’enfreint pas la morale commune. Ex : l’homosexualité n’était pas normal lorsqu’elle était interdite ou médicalisé ;
-
pour Émile Durkheim, un fait social est normal quand il se rencontre avec une certaine fréquence dans une société. Dans cette définition, l’homosexualité peut alors être considéré comme normale.
Les références :
1Howard Becker, Outsiders. Études de sociologie de la déviance, Paris, Métailié, 1985 (1963)
2Alfred. R. Radcliffe-Brown, Structure et fonction dans la société primitive, Éditions de Minuit, 1968 (1933)
3Émile Durkheim, « Définition du fait moral », in Textes. 2. Religion, morale, anomie, Éditions de Minuit, 1975 (1893)