Le QCM amoureux, support de créativité
11/11/2014
Le QCM amoureux, support de créativité
ou
Comment des lycéen-ne-s se posent des questions et des réponses sur les relations amoureuses et sexuelles ?
Le QCM Amoureux, c’est quoi ?
Et non, ce n’est pas qu’un ensemble de questions avec un choix multiple de réponses qu’un organisme de sondage ou des sociologues pourraient concevoir. C’est aussi un spectacle imaginé et présenté par la Compagnie l’Imparfait : une pièce de 50 minutes, dansée et parlée à l’aide d’un enregistrement sonore. Ce sont 126 questions qui ont eu des réponses d’hommes, de femmes, enregistrées et diffusées pendant la pièce. C’est un « feu de cheminée » qui nous amène à nous plonger dans notre « intime vérité » .
Le projet naît dans la tête de Thierry Giannarelli :
Des fois, ce n’est pas facile, voir impossible, de dire qui on est vraiment […] d’autant plus quand ça touche la vie amoureuse. […] Des fois, c’est même à soi-même, qu’on n’arrive pas à se le dire.
Se pose alors pour lui ces questions :
– quel lien pouvons-nous avoir avec notre intime vérité ?
– comment parler de l’intime vérité sans parler de la nôtre ?
– comment inviter les gens à se sentir libre avec leur intime vérité, sans avoir à la partager avec nous forcément ?
Il ne choisira ni la parole, ni le débat, ni une chorégraphie donnant sens à ces questions, mais un peu de tout ça : Avec le QCM amoureux, il crée une situation où on entend des questions (que l’on pourrait se poser soi-même) sans vraiment les entendre : comme un ensemble de petites voix intérieures, qui nous traverseraient sans vraiment s’arrêter, qui se poseraient des questions et qui s’apporteraient des réponses.
Chacun-e pourraient reconnaître celles qui lui parlent, celles qui lui parlent moins, sans réfléchir, captivé-e par la danseuse, qui tel un feu de cheminé que l’on regarde sans regarder, répète 50 actes (mouvements) au gré de ses envies, de ce qui s’improvise, dans son espace intérieur (matérialisé par un carré blanc où sont projeté les images servant d’éclairage). C’est une façon, pour lui, de garder les yeux ouverts pour mieux entendre.
Un support de créativité pour les artistes : pas une mais des réponses !
Pour le texte, Thierry fait appel à Carol Vanni, écrivaine, mais aussi danseuse et tant d’autres choses, et lui demande d’imaginer une ville où derrière chaque fenêtre, il y aurait, un homme ou bien une femme, ou bien un couple qui se poseraient des questions sur l’amour et la sexualité. Quelles seraient alors ces questions ? Quelles seraient les réponses ? Nous faire entendre toutes ces questions, toutes ces réponses, c’est, pour lui, nous permettre de s’ouvrir à la différence. Finalement, pas très étonnant que nos routes se soient croisées et qu’on s’y soit rencontré !
Tous ces bouts de nous, ont été mis en voix et enregistrés par Alain Michon. Comme nos voix intérieures, les sons sont rythmés, parfois lents, parfois rapides, voir même se superposant, parfois loin, parfois proches, parfois intimes, mais toujours nous parlant sans nous parler. Pour cela, il a utilisé les principes de la monophonie et de la diffusion multipoints qu’il explique très bien : ici.
Pour la danse, c’est à Véronique Delarché que Thierry s’adresse. Ensemble, metteur en scène et danseuse, trouvent 50 actes, que l’on pourrait aussi appeler mouvements, les plus petits possibles. Chaque acte a une intention de départ, un chemin et une arrivée. Ils sont alors répétés par Véronique tout au long de la pièce, avec des qualités et des énergies différentes. Une improvisation comme un vocabulaire, sans que n’y soit associé un sens ou un imaginaire : un feu de cheminé qui danse devant nos yeux.
Elle danse au sein d’un rectangle, son espace intérieur, sans relation avec le public. Elle en sort une fois, la seul adresse au public, et y retourne.
Un support de créativité pour les lycéen-ne-s, mais aussi une manière de s’approprier les questions amoureuses et sexuelles.
Quel lien avec l’éducation à la sexualité me direz-vous ? :
La compagnie l’Imparfait s’inscrit dans le deuxième objectif du dispositif PASS santé financé par le Conseil Régional pour présenter ce spectacle aux lycéen-ne-s, mais également, leur permettre de travailler leur créativité et de s’approprier les questions de sexualités, de trouver des clés pour approcher leur « intime vérité » que ce soit pour leur sexualité, leur vie affective ou leur vie tout court.
Après quelques ateliers d’écriture menés par Carol Vanni, vendredi après-midi dernier, Alain Michon propose aux élèves de Vivianne Cirillo, professeure de danse au lycée St Charles, d’enregistrer leurs questions et leurs réponses. Les techniques qu’il emploie sont « reliées à un contenu, à un espace » . Il fait ses enregistrements dans des espaces vivants, ici, le gymnase du lycée. Le processus d’enregistrement est lié au processus de diffusion. Il se fait donc selon les critères de positionnement dans l’espace, choix du rythme de diction, modulation de la voix afin de retranscrire une intention.
Alors bien sur, pour les lycéen-ne-s, il ne s’agit pas là de se poster devant un micro et de réciter son texte. C’est une véritable mise en scène qui leur est proposée avec une réflexion sur l’intention qu’ils ou elles ont envie de donner aux mots qu’ils/elles ont pensés et écrits. Au début un peu timide ou décontenancé-e-s, ils/elles finiront par déborder d’imagination en se laissant aller à leurs intuitions.
Ils/elles proposeront de s’enregistrer couché-e-s, derrière les micros, en passant devant les micros, loin, rassemblé-e-s, éparpillé-e-s, en criant ou en chuchotant. Ils/elles créeront même des effets de surprise en utilisant des intonations de voix qui bousculent nos représentations.
Le timbre de leurs voix, les intonations choisies ou spontanées, rappellent toute l’ambiguïté que peut avoir une réponse, tous les paradoxes qu’elle peut engendrer, quelle que soit sa simplicité de départ.
La prochaine étape : regarder, écouter, vivre le QCM amoureux et s’en imprégner comme support à l’émergence de ses propres questions autour de la vie amoureuses et sexuelles, mais aussi de ses propres réponses, nourries de celles des autres, avec temps de paroles et de partage à l’issu de la représentation (article à venir). Une forme d’éducation à la sexualité, en fait !
Mais avant ça, ils/elles ont accepté-e-s de partager leurs questions et leurs réponses, enregistrées vendredi dernier…
Pour les découvrir au son de leurs voix et de leurs intonations, c’est ici :
- Que craignez-vous le plus dans votre couple ?
– la rupture
– la belle-famille
– la tromperie - Lors d’une étreinte avec le compagnon ou la compagne, que ressentez-vous ?
– de l’amour
– son cœur battant
– sa respiration
– son parfum
– la chaleur de sa peau
– son souffle - Comment vous sentez-vous avec votre compagne ou votre compagnon ?
– bien
– parfois gêné-e
– rassuré-e
– aimé-e - Quand vous observez votre partenaire dormir, qu’écoutez-vous ?
– le tic-tac irrégulier de son cœur
– votre propre cœur
– le souffle de sa respiration
– le vrombissement des voitures dehors - Comment exprimez-vous votre amour ?
– par des cadeaux
– par le contact physique
– par des « je t’aime »
– vous ne l’exprimez pas - Que ressentez-vous lorsque l’on vous caresse ?
– vous êtes bien, détendu-e
– vous sentez le besoin de toucher l’autre
– vous êtes totalement excité-e
– paralysé-e - En moyenne, combien de temps durent vos ébats sexuels ?
– entre 5 et 15 min
– entre 15 et 30 min
– entre 30 min et 1h
– toute la nuit, vous adorez ça - Qu’entendez-vous de l’amour ?
– les battements de cœur
– les mots déclarés
– vous êtes sourd - Sentez-vous de la lumière qui se dégage de la personne qui vous attire ?
– chaque fois que vous la voyez
– jamais
– comme un éclair - Comment êtes-vous face à la personne qui vous attire ?
– ouvert-e
– gêné-e
– curieux/curieuse - A quel moment de votre vie commence l’amour ?
– quand vous le sentez
– quand vous le souhaitez
– lorsque vous vous y attendez le moins
Vous pouvez réagir et/ou poursuivre l’élaboration du QCM amoureux en nous envoyant vos commentaires.
Au plaisir de vous lire !
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